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Les normes : la clé de la bioéconomie du Canada

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Chantal Guay-The Standards Council of Canada

Chantal Guay

directrice générale, Conseil canadien des normes

Le Conseil canadien des normes travaille avec les secteurs public et privé pour développer de nouvelles technologies et renforcer leur chaîne de valeur grâce au réseau de normalisation. Sa directrice générale, Chantal Guay, nous parle des avantages pour la bioéconomie du Canada.


En quoi les normes aident-elles à bâtir la bioéconomie du Canada?

Même le pays le plus riche en bioressources et en technologies innovantes aura besoin d’autres éléments pour faire prospérer sa bioéconomie à l’international. Pour y arriver, le Canada aura donc besoin de règlements et de politiques gouvernementales encourageant l’innovation, d’une chaîne d’approvisionnement solide et fiable, d’un écosystème favorisant le développement des entreprises et les exportations – et bien sûr d’investissements conséquents. Mais la normalisation est fondamentale pour chacun de ces éléments.

Agiles et faciles à actualiser en fonction de l’évolution des technologies ou de l’environnement, les normes peuvent en effet servir d’appui aux règlements et aux politiques, en plus de constituer un mécanisme de santé et de sécurité et un gage de qualité des produits et services, ce qui en fait un atout essentiel pour les nouvelles industries.

Face à des filières émergentes comme celles de la bioéconomie, on prévoit une baisse de la demande de produits traditionnels au profit des bioproduits. C’est pourquoi il importe d’inspirer confiance non seulement aux potentiels acheteurs, mais aussi aux bailleurs de fonds, aux fabricants, aux distributeurs et à toutes les autres parties de la chaîne d’approvisionnement qui souhaitent investir. Les normes peuvent y contribuer d’innombrables façons, notamment en soutenant l’infrastructure, comme dans nos travaux récents pour établir des chaînes de blocs agricoles afin d’assurer l’interopérabilité des produits et des systèmes (notamment par des normes encadrant l’Internet des objets).

Quelle est l’idée fausse la plus répandue au sujet des normes?

Depuis longtemps, les normes ont la réputation d’être des obstacles à l’innovation plutôt que des tremplins. On entend souvent dire que si une idée ingénieuse ne se concrétise pas, c’est parce qu’elle ne répond pas aux normes. Mais c’est tout le contraire : les produits doivent être sûrs, et c’est en démontrant leur conformité à une norme qu’on le prouve, et qu’on inspire confiance aux investisseurs et aux autorités de réglementation qui doivent en autoriser la mise en marché. De plus, lorsqu’on tient compte dès la conception des normes internationales influant sur l’interopérabilité, le produit accède plus facilement aux marchés mondiaux. Et avec de nouvelles technologies comme celles des bioproduits, les entreprises peuvent participer à la création des normes qui définiront le marché de demain.

Pouvez-vous nous donner des exemples de normes avantageuses pour la bioéconomie du Canada?

C’est grâce à la normalisation que l’entreprise de biomasse ontarienne Ecostrat Inc. a cimenté sa place de chef de file dans la bioéconomie canadienne. Spécialisée dans l’extraction et l’utilisation des produits de biomasse, elle peinait à obtenir du financement pour ses bioprojets, car il n’existait pas de méthode normalisée pour en évaluer les risques. En collaboration avec elle, nous avons orienté l’élaboration de la Norme nationale du Canada CSA W209:F21 – Risque lié à la chaîne d’approvisionnement en biomasse et créé une méthode validée pour chiffrer le degré de risque des matières biologiques et accélérer le financement des bioprojets.

L’entreprise québécoise FPInnovations est un autre bon exemple. Se spécialisant dans les solutions scientifiques d’aménagement forestier, elle propose entre autres un processus exclusif visant à récupérer la lignine, un bioproduit renouvelable extrêmement polyvalent, des déchets de l’industrie de la pâte de bois. Ce bioproduit peut remplacer les matériaux bruts d’origine fossile dans divers produits comme la fibre de carbone, les adhésifs, les résines et différents produits chimiques. Les efforts de commercialisation de la lignine ont mis en lumière l’absence de méthodes fiables et acceptées par le marché pour caractériser sa composition chimique, sa structure et ses propriétés. Nous avons donc aidé FPInnovations à élaborer des méthodes internationales normalisées pour quantifier la pureté de la lignine et son utilité pour diverses applications. Quatre normes ISO (ISO 24196, ISO 24215, ISO 6350, et ISO 9795) favoriseront la commercialisation de la lignine et des processus de production connexes.

Une autre entreprise du Québec, Nature Fibres, est devenue le premier fabricant nord-américain de biomatériau de construction isolant en chanvre. En l’absence de normes nord-américaines sur les matériaux de construction biologiques, elle s’est heurtée à des obstacles dans la mise en marché. Faisant appel au système de normalisation, Nature Fibres a collaboré avec le Centre canadien de matériaux de construction de Ressources naturelles Canada pour définir des exigences d’essais et de performance démontrant la conformité au Code national du bâtiment, un processus qui a abouti à la publication d’un guide technique sur les bioproduits.

Pour vous, que doivent retenir les gens à propos des normes?

Les normes sont rédigées par des personnes comme vous et moi, des spécialistes et des parties intéressées qui en orientent l’élaboration et aident ainsi à définir les règles du marché. Les représentantes et représentants du gouvernement, du secteur privé, des groupes de consommateurs et du milieu de la recherche ont tous leur mot à dire, tout particulièrement dans les nouveaux domaines comme celui des bioproduits. Il existe de nombreuses façons de participer, et des tonnes de comités attendent vos commentaires.

Pour en savoir plus sur les façons de contribuer à la normalisation ou de profiter de ses avantages, visitez ccn.ca.

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